Le Misanthrope

de Molière
Mise en scène de Georges Lavaudant
Création

du 24 au 29 janvier (relâche le 27) | 20h00 sauf le 26 janvier à 17h
Théâtre Jean-Claude Carrière

Le Misanthrope : Molière, Lavaudant, Elmosnino

Georges Lavaudant a longtemps hésité sur le seuil des classiques français du XVIIème siècle. Lui, l'amoureux de Shakespeare, d'Eschyle, de Brecht, de tant d’autres, lui le metteur en scène à la si longue et si riche carrière, admirait de loin, différait sans cesse… Aussi sa décision d’enfin porter à la scène Le Misanthrope, classique de tous les classiques, est-elle un événement de l’année théâtrale 2025. Evénement d’autant plus attendu qu’Alceste y sera incarné par un comédien, Eric Elmosnino, dont la plasticité intrigue, fascine depuis qu’il s’est glissé au cinéma, de façon aussi hypnotique, dans la peau de Gainsbourg.

Voilà donc Lavaudant confronté à l’absolue perfection de l’alexandrin et à cette pièce sombre, cruelle parfois, où résonnent les échos de combats toujours d’actualité. La sincérité peut-elle conduire à la folie ? Le langage est-il une arme à double tranchant ? Il peut dire la sincérité et la passion authentique mais peut aussi la travestir et induire en erreur. Quelle place pour les femmes dans cette société où l’on traite de l’amour comme d’une marchandise ? Comment Célimène, jeune veuve de vingt ans peut-elle préserver sa liberté dans ce monde superficiel plein de médisances, d’intrigues, de mensonges et de procès. Alceste, Philinte son ami, et notre « coquette » ne cessent de s’affronter en des duels tout à la fois brillants, légers et dangereux, et nous spectateurs sommes impatients de connaitre le mot de la fin, mais ce mot ne viendra pas. « À chacun sa vérité » (Pirandello) ou alors dans trois ultimes vers désespérés : 
« Je vais sortir d’un gouffre où triomphent les vices
Et chercher sur la terre un endroit écarté
Où d’être homme d’honneur on a la liberté » 
Lavaudant, loin des perruques Louis XIV, fait se confronter ces deux êtres, ces deux mondes dans une atmosphère de fin de partie, quand les sociétés se délitent et qu’il faut un Lubitch ou un Tchékhov pour en saisir le raffinement désenchanté.

Informations et réservation

La Réunification des deux Corées

Mise en scène de Joël Pommerat

14 février | 20h00
15 février | 17h00
Opéra Comédie Montpellier

La Réunification des deux Corées : Pommerat, 11 ans après

Un grand Pommerat revisité. Onze ans après. Et avec un titre qui sonne drôlement aujourd’hui mais qui, pas plus qu’hier, n’a de sens politique ou guerrier. Pas d’autre sens, comme il y a 11 ans, que celui capté par une oreille attentive dans le cours de cette étonnante galerie des amours passées, présentes, à venir… Pas que des amours, du reste. Des amitiés aussi, et des trahisons, et des quiproquos. Et de tout ce qui fait une vie en somme. Car il n’y a pas d’intrigue à proprement parler dans La Réunification des deux Corées. Mais un défilé de tableaux - une vingtaine - qu’entrecoupent quelques instants d’obscurité. Quelques instants pour que, à chaque renaissance de la lumière, apparaissent de nouveaux fragments d’humanité : voici un prêtre, une prostituée, une SDF enceinte, un chanteur androgyne, le fantôme d’un amour de jeunesse… La surprise est constante, l’habillage de lumière somptueux, l’imagination de Pommerat, auteur, metteur en scène, sans limite. Sans autre limite que l’émotion qui étreint le spectateur devant un spectacle que onze années d’attente semblent avoir encore bonifié.

Informations et réservation

Elena - Nécessité fait loi

d'après le scénario de Oleg Neguine et Adreï Zviaguintsev
Mise en scène de Myriam Muller

les 12 et 13 mars | 20h00
Théâtre Jean-Claude Carrière

Elena : crime et châtiment

Au départ, un film. Un film russe, longs plans-séquence, images méditatives malgré la violence des rapports sociaux et familiaux qu’il dépeint. Car Elena, c’est l’histoire d’un crime. Et d’un châtiment, semble-t-il inévitable au pays de Dostoïevski. Elena est la deuxième épouse d’un homme riche. Elle fut son infirmière dans l’hôpital où elle travaillait. Elle est devenue, depuis qu’elle l’a épousé, sa bonne, sa cuisinière.
Elena s’en accommoderait pourtant son fils, né d’un premier mariage, ne venait lui réclamer de l’argent. Qu’elle n’a pas et que le mari refuse de lui donner. L’engrenage fatal est en place. Et, grâce à la mise en scène de Myriam Muller, il se déploie sur tous les plans de la scène : dans le décor réaliste du confortable appartement, dans la cuisine où s’affaire Elena, dans une sorte d’entresol à mi-hauteur, mais aussi sur les murs où apparaissent en vidéo les visages des protagonistes. 
Etouffante proximité, sensation de huis-clos dont rien de bon ne peut sortir. Car, au-delà de l’inévitable réflexion sur la condition de la femme - pas seulement russe - c’est bien cela que l’on retient : ce sentiment d’inexorable dont rien ne peut modifier le cours.

Informations et réservation

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Photo de une : La Réunification des deux Corées © Agathe Pommerat